Module 1 : Dieu nous crée pour la vie éternelle

Ce premier module pose le cadre fondamental à l’intérieur duquel pourra être présenté le mystère du Christ. Il introduit le premier trimestre qui se conclut par l’exposition du mystère de l’Incarnation.


Année A

Il s’agit d’abord de réveiller dans les cœurs le sens de Dieu dans sa transcendance et sa toute puissance de Créateur. Pour beaucoup, Dieu reste abstrait et lointain : même si l’on croit à son existence, on vit comme s’il n’existait pas. C’est une conversion de chaque jour que de remettre Dieu en jeu de notre vie concrète, de le percevoir et de le vivre comme le réel le plus réel. Il ne suffit pas de parler d’omniprésence ou de toute-puissance, mais il faut entrer dans la perception de notre dépendance intime, radicale, ontologique à Dieu. C’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être. Il nous maintient dans l’existence comme une mère garde son enfant contre son sein. Plus encore, il est présent et agissant en tout ; il tient dans sa main et gouverne toute chose.

        Pour être bien vécue, notre dépendance au Dieu Créateur doit être comprise comme étant en définitive une dépendance à son dessein éternel d’amour sur nous : Dieu nous communique l’existence pour nous communiquer son amour. Je suis voulu et il est bon que j’existe parce que ma vie a un sens. Seule la foi en la Providence laisse Dieu entrer dans notre vie concrète. En toute circonstance, nous pouvons l’adorer et nous abandonner à son amour éternel et inconditionnel dans la certitude qu’il fait tout concourir à notre vrai bien c’est-à-dire à la réalisation de son plan d’amour. Tout a un sens et le mal n’aura pas le dernier mot. De là naît l’espérance.

        A partir de cela il est possible de penser l’homme et sa liberté. Si Dieu nous a créés pour lui, notre humanité ne peut se comprendre que dans la lumière de Dieu, de son dessein sur nous. La vérité sur l’homme est inséparable de la vérité sur Dieu. Nous approcherons le mystère de l’homme sous trois angles différent, illustrés par trois images, au cours des trois années du parcours. Pour la première année, nous privilégions l’image du vase. Celle-ci nous permet, en effet, de parler de la foi et de l’espérance comme les deux premières attitudes fondamentales par lesquelles nous pouvons coopérer à la Providence divine. Notre liberté créée, en effet, n’a d’autre sens que de coopérer en tout à l’action de Dieu opérant en nous et à travers nous. Nous ne sommes pas faits pour agir seul mais en Dieu, comme un petit enfant qui tient la main de son père. L’image du vase nous aide à comprendre aussi en quoi consiste essentiellement notre vie : nous ouvrir, nous laisser remplir et déborder. Nous verrons comment nous laisser remplir au second trimestre et comment déborder au troisième trimestre.

        Enfin nous terminons ce premier module par la question du ciel, de l’enfer et du purgatoire. La fête de la Toussaint nous y invite et cela donne tout son poids à ce qui a été dit sur le dessein divin et notre liberté face à ce dessein, qui est en définitive une liberté de s’ouvrir ou de se fermer. L’enfance est un âge privilégié pour éveiller dans les cœurs le désir du ciel. Il est important de prendre conscience qu’il y a dans le cœur une soif qui ne peut être comblée que par Dieu. C’est le moment de prendre conscience aussi de la gravité du péché en parlant de l’enfer comme une fermeture totale à Dieu c’est-à-dire un état d’autodestruction puisque nous sommes faits pour lui. Parler du purgatoire ouvre l’esprit des enfants à la question de la purification du vase de notre cœur sur laquelle nous reviendrons au second trimestre avec le temps du Carême. Dans la présentation de ces réalités eschatologiques, il y a un équilibre à trouver : montrer à la fois que notre vie sur terre est une brève préparation à la plénitude éternelle du ciel et que nous pouvons goûter déjà quelque chose de la joie du ciel sur terre en faisant notre « purgatoire » sur terre. Nous pouvons, hélas, aussi goûter à la tristesse de l’enfer si nous fermons notre cœur à Dieu. L’au-delà est la suite logique de la vie sur terre et nous aide à comprendre le sens et la manière de vivre notre vie sur terre.


Année B

Dans ce premier module, il s’agit chaque année de contempler l’essence divine, cette réalité suprême qu’on appelle Dieu et qui est commune aux trois personnes divines. Dans la première année, nous avons mis en évidence la transcendance de Dieu comme Créateur : il « est la plénitude de l’Être et de toute perfection, sans origine et sans fin. Alors que toutes les créatures ont reçu de Lui tout leur être et leur avoir, Lui seul est son être même et Il est de Lui-même tout ce qu’Il est. » (CEC 213). « Il est " Celui qui est ", depuis toujours et pour toujours » (CEC 212). Dieu n’a pas d’origine et il est « à l’origine de toute chose » (2Mc 7, 23). Lui seul peut « appeler le néant à l’existence » (Rm 4, 17). Cette vérité première, fondamentale – Dieu existe par essence et tout ce qui existe tient son existence de lui – il est bon de la rappeler avant d’aborder le thème propre de cette séance : Dieu est Amour.

Dieu est totalement simple dans son essence. En lui, tout se ramène à une seule réalité. Ainsi il n’y a pas de distinction réelle entre l’être et l’amour en Dieu : « Etre et Amour expriment d’une manière ineffable la même réalité divine de Celui qui a voulu se faire connaître à nous. »[1] Mais nous sommes obligés pour le connaître d’utiliser des mots humains exprimant une même réalité sous des angles différents. L’année prochaine, nous verrons Dieu comme Lumière, Vérité, Sagesse. Être, aimer et savoir, tout est un dans la simplicité de l’essence divine.

Avant de parler de Dieu comme Amour, nous mettrons en évidence son être divin comme un être « personnel ». Notre contemplation de Dieu comme Amour nous permettra d’exposer d’une manière plus précise l’éternel dessein de Dieu sur l’homme. Nous terminerons par l’adoration en montrant comment cette adoration est appelée à devenir amoureuse dans la découverte du fol amour de Dieu pour chacun de nous.


[1] Paul VI, Enseignements, VI-1968-302 ; ORLF N° 28 du 12.07.1968 p.6 et 7.